comme une sifflante étoile de couteaux

Chaleur. Tout n'était que chaleur. Le sable brûlait ses larges coussinets. L'air brûlant pesait grandement sur ses épaules. Et ses prunelles interprétaient de vacillants alentours. Morrigan décida de s'asseoir. Elle ferma les yeux, un instant. Juste un instant. Elle se concentra. Logiquement, pour se sortir de cette infernale prison sans barreaux, il fallait retourner sur ses pas. Alors elle se retourna. Mais le paysage était partout le même, et elle n'avait pas la force de se plonger dans sa mémoire. Elle se coucha, doucement, tout doucement. Sa méfiance lui permit de rester éveillée et de surveiller tout autour d'elle.

Parfois les choses ne vont pas dans le sens que l'on désire. Parfois on aimerait tuer le ciel, qui défoule sur nous une véritable onde de choc brûlante, qui nous fera un jour tous crever de soif, qui assèchera les points d'eau. Une vision bien pessimiste du monde, mais pourquoi pas, après tout. Chacun son avis sur la question.
Je sillonne la route, je divague, le sable s'enfonce entre mes coussinets, entre chacun de mes poils. Ardent, rêche, sec. Affreusement sec. Enfin, par définition, du sable, c'est sec...
Une masse uniforme, se confondant presque dans le paysage que je suis en train de contempler avec une certaine pointe de nostalgie sortie des tréfonds de mon enfance, se dresse sur mon chemin. Je marque un arrêt, je m'assois, à peine à une dizaine de mètres de l'inconnu. Mes vibrisses frémissent, mais je me rappelle que je suis sur un territoire libre. Je me contente d'observer le tas de fourrure, le menton relevé, histoire de ne pas paraître comme quelqu'un d'inférieur. Le félin se lèverait-il ? Prononcerait-il quelque chose ?

Morrigan braqua ses orbes ambrées dans la nouvelle venue. Un regain d'énergie la fit se redresser, dévoilant son anatomie svelte et fuselée. Elle fit abstraction de la chaleur du désert avant midi, qui croquait son pelage fauve. Puis, la Reine se contenta de dresser les oreilles, attentive aux réactions et agissements de l'inconnue.

» et toi tu disais prend garde, y a des couteaux dans nos sourires ; mahât (uc)
» « Les relations c'est comme les fleurs ; il faut y faire attention sinon elles meurent. »