"Je te souhaite la bienvenue"

Le soleil se levait progressivement, dénuant le ciel de ses teintes sombres et laissant apparaître les lueurs matinales dont il était le seul maître d’œuvre. Doucement, la vie débutait avec le jour. Les animaux de toutes races, de toutes espèces, de tous horizons commençait à prendre vie. Tu ne fis pas exception à la règle. Toi, Senhem. Vagabond depuis aussi longtemps que tu t'en souviennes. Tes yeux s'ouvrirent délicatement et la vision que t'eus eu en les ouvrant ainsi ne te déplut pas. C'est avec un sourire charmeur et une lueur amoureuse dans les yeux que tu découvris les traits de ta douce compagne : Amethys. Voilà un moment déjà que vous partagiez des sentiments forts tous les deux et pour toi, cette histoire ne faisait que commencer. Depuis quelques mois, trottait dans sa tête une idée farfelue qui ne t'enchantait pas tellement. Et pourtant, puisqu'elle le désirait, tu le ferais. L'amour te poussait à suivre aveuglément celle pour qui ton cœur s'était épris. Elle espérait pouvoir un jour rejoindre une de ces nouvelles troupes de lions qui se formaient. Elle disait que vivre en groupe valait mieux que de vivre seuls, en reclus. Pourtant, tu n'étais habitué qu'à cette vie dont tu ne parviendrais certainement pas à te défaire si facilement. Cette vie de solitaire, de vagabond, fier et libre comme l'air. Bientôt, on t'emprisonnerait dans un groupe, on te forcerait à vivre avec toutes sortes d'énergumènes qui pour certains t'insupporteront. Et pire que cela, tu devras suivre des lois autres que celles que tu t'étais toi-même fixées. Alors que tu tombais dans un méli-mélo de pensées, ton estomac se mit à gronder. Surpris et à la fois indignée par les réactions naturelles que peut avoir ton corps, tu décides de te lever. Sans grande difficulté, tu te hisses sur tes quatre pattes et après avoir déposé une léchouille au coin de l'oreille de ta compagne, tu t'éloignes de celle-ci, souhaitant la laisser se reposer encore un peu. Voulant lui faire plaisir et par la même occasion contenter ton estomac, tu décides d'aller chasser un peu. Tu as entendu parler d'un grand troupeau de buffles qui serait a priori toujours dans le même endroit. Tu décides donc de tenter ta chance. Suivant surtout le chemin à l'aide de ton museau, tu finis par tomber sur les buffles en question. Pas possible de passer à côté entre leur odeur et la masse noire qu'ils forment. Tu sais ce que tu dois faire, repérer un élément faible et attaquer vite et fort. Tu t'approches silencieusement et portant ton attention sur un jeune buffle lorsque quelque chose les fait paniquer. Tu tentes tout de même ta chance, en vain, le petit file avec les autres. Désemparé, tu cherches la raison de cette fuite et tu ne tardes pas à croiser la couleur fauve d'un de tes congénères. Bien décidé à lui faire comprendre qu'il venait de te faire perdre une occasion de nourrir ta compagne et toi, tu te diriges vers le lion d'un pas décidé, grommelant.

Tu continues d'avancer en grommelant, ce qui ne te ressemble pas beaucoup. D'habitude, tu préfères garder tes distances surtout avec les lions que tu ne connais pas. Tu sais très bien que les solitaires ne comptent que sur eux-mêmes et que certains lions peuvent se montrer complètement fous au point d'abattre froidement un de leur congénère pour un rien. Mais aujourd'hui, tu ne crains pas de t'aventurer ainsi en grognant de moitié contre celui qui vient de te faire perdre ta proie. Parce qu'au final, ce n'était pas que ta proie, c'était aussi celle de ta compagne et cela, tu ne pouvais le cautionner. Tu ne pouvais cautionner le fait de devoir revenir la gueule vide auprès de celle que tu aimes parce qu'un lion maladroit n'était pas capable de chasser convenablement. Qu'il se trouve des femelles et qu'il les laisse chasser, cela vaudrait mieux pour lui. Il pourrait espérer survivre sur cette terre. Tu ne l'as pas encore vu que tu l'imagines déjà jeune et gauche. Tu le vois plutôt petit et trapu. Et pourtant, au détour d'un arbre, tu finis par le voir. Tu te rends alors compte que ce n'est pas le jeune auquel tu t'attendais. Non, tu es face à un lion qui te dépasse légèrement. Ce dernier possède une crinière légèrement plus dense que la tienne, ce qui traduit son âge plus avancé. Loin pour autant de prendre peur, tu continues d'avancer, un peu plus discrètement et lentement cependant. Il ne t'as pas mis dans une rage folle, mais t'as légèrement agacé et tu espères bien que le message soit passé. Tu ne cherches pas l'affrontement, mais s'il faut que tu le fasses fuir pour espérer avoir un peu de gibier alors c'est ce que tu feras. La vie de ta compagne est en jeu. Il ne doit pas y avoir d'alternative. Sa vie à tes yeux est la plus précieuse qu'il soit alors se dresser contre un lion et l'abattre s'il le faut, pourquoi pas. Éviter le conflit et le faire gentiment partir, encore mieux. L'autre semble te voir. Il s'avance doucement vers toi. Ses pattes frôlent à peine le sol et soulève des petites gerbes de terre sèche. Ses crocs étaient visibles et tu craignais une attaque fourbe de ce dernier. Il pourrait choisir cette technique pour avoir l'avantage. Finalement, cette thèse devient de moins en moins importante dans ta tête au fur et à mesure qu'il se rapproche. Tu sens une sorte d'aura positive. Le lion finit par s'arrêter. Agacé, tu assistes à son regard sur toi, impuissant et gêné. Tu n'aimes pas être observé ainsi, cela te met mal-à-l'aise. Lorsqu'il finit enfin par arrêter de te détailler et que tu crois la corvée finie, il ouvre sa gueule et sa voix en sort :

« Bien le bonjour. Je suis désolé si vous aussi cherchez un repas, mais comme vous le voyez, je n'ai pas de lionnes et donc je me dois de chasser, même si je n'ai pas les capacités de ces dernières. Pardonnez-moi. Qui êtes-vous ? »

Finalement, ce lion n'est vraiment pas dangereux. Tu finis par en avoir la certitude en entendant ses excuses. Ravi de l'apprendre, tu reprends le dessus sur ta pseudo-colère et elle s'évacue très rapidement. Bientôt, il ne reste plus que ta bonne humeur exceptionnelle et ton envie de faire plaisir à ta compagne. Et si ce lion appartenait à une de ces troupes ? Et s'il connaissait comment se joindre à eux. Amethys mourrait d'envie de rejoindre ces organisations alors en plus de chasser, pourquoi ne pas récolter des informations à propos des lieux et des habitants de ces derniers. Tu finis par t'asseoir, enroulant ta queue autour de tes pattes et lançant un regard neutre au félin en face de toi.

« Appelle-moi Senhem. Dis-moi, aurais-tu quelques informations à propos des groupes de lions des environs ? Ma compagne aimerait énormément que nous nous intégrions à ce genre d'organisation dont je n'ai strictement aucune connaissance sinon qu'il faille vivre en groupe. »

Tu avais parlé d'une voix égale à toi-même. Tu n'exprimais rien de méchant, mais rien de rassurant non plus. Si ce lion ne pouvait te donner des informations alors tu ferais demi-tour et chercherait à attraper de nouveau le petit buffle que tu avais aperçu, en espérant que ce lion déciderait de ne pas te suivre pour ne pas mettre à sac ton plan comme il l'avait précédemment fait. Tu vis le lion plus vieux que toi t'imiter et s'asseoir devant toi, ce qui te fit sourire. Tu laissas tes moustaches frémirent. À présent, tu étais certains d'être tombé sur un lion qui savait quelque chose et qui ne montrerait aucune hostilité supplémentaire à ton égard. Tant mieux. Il ne tarda d'ailleurs pas à ouvrir la gueule afin de répondre à ta requête.

« Enchanté, mon nom est Aslan. Pour répondre à ta question, oui, j'ai de grandes informations, car étant le roi des Altruistes, j'ai de bonnes connaissances. »

Tu ne pus retenir un petit hoquet ridicule de surprise. Ce lion était-il réellement le roi de l'une de ses organisations ? Un lion aussi gauche pouvait-il diriger des lions ? Tu en doutais. Néanmoins, te laissant prendre au jeu, tu désirais en savoir plus. Tu souhaitais connaître les quelques règles, savoir comment on était traité au sein de ces groupes, les tâches de chacun et bien d'autres choses encore afin de t'assurer que cela ne nuirait point à la santé de ta compagne et à la tienne. Tu laissas alors tes lèvres bouger et le son de ta voix plus enjouée en sortir :

« Vraiment ? Tu es donc le dirigeant d'un de ses organisations ? Pourrais-tu me dire en quoi consiste ces groupes de lions ? Les tâches de chacun, le rôle que chacun a à jouer, les obligations et tout ce qu'il y a à savoir ? J'aimerais beaucoup d'informations avant de me lancer tête baissée dans l'inconnu. »